En réponse à la crise du COVID-19, l’Eurosystème a très vite mis en œuvre plusieurs mesures importantes pour soutenir le financement de l‘économie par le canal du crédit bancaire et celui du financement de marché. Ces mesures sont de trois ordres : adaptation et extension des opérations de crédit, assouplissement du dispositif de garanties, renforcement des programmes d’achat de titres.
DFR : taux de la facilité de dépôt (deposit facility rate) ; MRO : opérations principales de refinancement (main refinancing operations) ; CQS : échelon de qualité de crédit (credit quality step) ; OBNS : obligations bancaires non sécurisées ; TLTROIII, PELTRO LTRO bridge, APP, PEPP : cf. définitions dans le corps du texte.
Si les politiques sanitaires et budgétaires sont au premier plan des réponses publiques face au COVID-19, le rôle de la politique monétaire est également clé, en particulier pour maintenir la liquidité du secteur financier et veiller à ce que le secteur réel (ménages, entreprises, administrations publiques) continue de bénéficier de conditions de financement favorables pendant cette période. Dès le début mars, l’Eurosystème (la BCE et les banques centrales nationales de la zone euro) a ainsi lancé, comme les autres grandes banques centrales, une série de mesures pour préserver l’efficacité de la transmission de la politique monétaire et parer aux risques de fragmentation des marchés financiers dans la zone euro (Tableau).
Les conditions des opérations ciblées de refinancement de long terme (TLTRO) ont été significativement assouplies pour soutenir l’octroi du crédit à l’économie. Les TLTRO, mises en œuvre au fil de trois séries depuis 2014, sont dites « ciblées » car les droits de tirage et les taux appliqués dépendent du volume des prêts accordés aux entreprises non financières et aux ménages (hors immobilier), constituant une incitation à prêter pour les banques.
La BCE a ainsi décidé le 12 mars 2020 (puis à nouveau le 30 avril 2020), d’assouplir encore davantage la troisième série d’opérations, lancée en 2019 (TLTROIII), notamment en instaurant une période spéciale de juin 2020 à juin 2021, pour laquelle le taux appliqué est désormais fixé à 50 points de base en-deçà du taux de la facilité de dépôt (soit actuellement -1%). Il est aussi plus facile pour les banques emprunteuses de bénéficier des taux les plus favorables, grâce à une réduction des cibles de crédit (Cf. sites de la BCE et de la Banque de France pour plus de détail).
L’Eurosystème a également lancé de nouvelles opérations :
Suite à ces mesures, l’encours de refinancement des banques de la zone euro auprès de l’Eurosystème en euro et en dollar a significativement augmenté (hausse de plus de 500 Mds € entre mi-mars et fin mai), pour atteindre plus de 1000 Mds € (Graphique), avant même l’opération TLTROIII de juin.
L’Eurosystème a aussi assoupli son dispositif de garanties (ou collatéral) le 7 avril 2020, permettant d’augmenter les montants d’actifs éligibles aux opérations et de soutenir l’octroi de crédit bancaire à l’ensemble de l’économie :
Le Conseil des gouverneurs a en outre décidé le 22 avril 2020 de réduire de façon préventive l’impact négatif d’éventuelles dégradations des notations financières d’agence sur le montant de collatéral disponible, en gelant les dites notations pour les actifs négociables (titres) déjà éligibles.
L’Eurosystème a aussi soutenu le canal du financement de marché afin d’assurer le maintien de conditions de financement favorables dans la zone euro, par un renforcement substantiel de ses programmes d’achats de titres :
Les achats de titres effectués dans le cadre du PEPP couvrent également le marché du papier commercial émis par des entreprises non financières pour répondre plus directement à leurs besoins de trésorerie.
Ces achats sont aussi réalisés de façon flexible (dans le temps, entre catégories d’actifs et entre juridictions) et peuvent être toujours ajustés qu’il s’agisse de leur volume ou de leur composition. De plus, les limites que l’Eurosystème s’est imposé en la matière peuvent être revues dans le cas où elles pourraient constituer des entraves à l’accomplissement de sa mission.
L’encours global des programmes d’achats de titres de l’Eurosystème s’élevait à 2978 Mds € à fin mai, dont 235 Mds € au titre du PEPP, et devrait continuer à augmenter de façon substantielle dans les prochains mois.